LE CONTINUUM DES VIOLENCES

Les violences intrafamiliales (VIF) sont un phénomène de société punissable qui se déroule principalement dans la sphère privée, et qui a un impact important sur le bien-être psychologique et la sécurité physique au sein d’une famille. Les causes de ces violences sont souvent multiformes. Dans la majorité des cas, les auteurs de ces violences sont des hommes et les victimes des femmes et des enfants.

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Les définitions des violences intrafamiliales sont nombreuses.

La Convention d’Istanbul les définit comme suit :

Le terme « violence à l’égard des femmes » doit être compris comme une violation des droits de l’homme et une forme de discrimination à l’égard des femmes, et désigne tous les actes de violence fondés sur le genre qui entraînent, ou sont susceptibles d’entraîner pour les femmes, des dommages ou souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique, y compris la menace de se livrer à de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou privée;

Le terme « violence domestique » désigne tous les actes de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique qui surviennent au sein de la famille ou du foyer ou entre des anciens ou actuels conjoints ou partenaires, indépendamment du fait que l’auteur de l’infraction partage ou a partagé le même domicile que la victime.

Dans la majorité des cas, les auteurs de ces violences sont des hommes et les victimes des femmes et des enfants.

Les VIF sont un phénomène fréquent partout dans le monde, en Belgique et à Bruxelles.

A Bruxelles, la police reçoit en moyenne 14 plaintes par jour concernant ce type de délits et il ressort d’une étude de prévalence d’equal.brussels que 55% des femmes bruxelloises sont confrontées à au moins une forme de violence conjugale dans leur vie.

La ligne d’appel « Ecoute Violences Conjugales – 0800/30030» dénombre 18863 appels en 2021 . Son pendant néerlandophone, le 1712, dénombre, pour la même année, 8515 appels pour 11312 victimes potentielles dont 2150 sont victimes de violences conjugales.

Pour l’année 2023, selon le blog Stopfeminicide, il y a eu au moins 26 féminicides en Belgique. S’agissant d’un recensement au travers d’articles de presse, il est fort probable que ce nombre doit être revu à la hausse. En y ajoutant, par exemple, les chiffres des suicides forcés. Les derniers datant de 2017, « d’après les chiffres du suicide de femmes en Belgique, ainsi que de l’estimation à minima du nombre de suicides dû aux violences entre partenaires (11%), Psytel a pu déterminer qu’environ 52 suicides seraient liés aux violences d’un partenaire. ».

La complexité du champ des acteurs et leur connaissance limitée des compétences et des possibilités d'action des uns et des autres constituent un labyrinthe pour les victimes. La transmission de la complexité institutionnelle aux personnes concernées constitue une victimisation secondaire et rend inaccessible des services qui existent pourtant. Une collaboration multidisciplinaire s’impose afin de pouvoir appréhender au mieux le phénomène des VIF, tant dans la prévention de et la lutte contre celles-ci.

Olista, qu’est-ce que c’est ?

Olista c’est le centre VIF porté par la région bruxelloise. Le centre se veut, à terme, être le lieu de référence dans :

La prise en charge des victimes ;
L’information et le renseignement des professionnels.

La prise en charge des victimes sera holistique. Elle entend répondre à tous les besoins qu’une victime de VIF peut rencontrer sur son chemin de reconstruction. Grâce à ses nombreux partenaires, le centre pourra répondre aux besoins suivants : soutien juridique, psycho-social, administratif et médical.

Ensemble, les partenaires chercheront les meilleures façons d’agir pour aider les victimes, pour collaborer et par la réalisation d’un plan d’action commun, unir leurs efforts pour être plus efficaces et efficients.

Historique Raison d’être du projet Calendrier de mise en place

Objectifs du projet

L’objectif de ce projet collaboratif est de mettre sur pieds un processus et des outils pour la concertation.

A long terme, le projet vise la prévention de la violence intrafamiliale et la réduction de son impact individuel et sociétal grâce à une coopération intersectorielle intensive.

Pour cela, le projet vise deux objectifs principaux :

Elaborer un processus de collaboration structuré pour le traitement intersectoriel des cas de violence intrafamiliale ;
Mettre en place un espace physique qui sera un centre inter- et multidisciplinaire d’accueil des victimes.

Approche et prise en charge

L’approche et la prise en charge des situations de VIF reposera sur le cycle de la violence

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Le cycle de la violence conjugale tente de dégager les processus répétitifs liés à la violence entre partenaires. Ce modèle explique en partie comment la victime est amenée à rester/retourner avec l’auteur.e malgré ce qu’elle subit dans la relation.

Ce cycle est composé de 4 phases distinctes qui s’enchaînent et forment une boucle de répétition dont l’intensité augmente au fil du temps, avec des violences de plus en plus marquées ainsi qu’un rythme qui peut s’accélérer.

Sur le schéma ci-dessous, vous trouverez le point de vue de la victime et de l’auteur.e pour chacune des 4 phases du cycle. La victime est représentée par la couleur verte, l’auteur.e par la couleur rouge.

Phase 1 : Le climat de tension

Du côté de l’auteur.e : tensions initiées par la personne violente à travers divers signaux (silence lourd, regard menaçant, irritation, augmentation des conflits, impatience de plus en plus présente, mise en avant des erreurs…).

Du côté de la victime: tentatives d’apaiser le climat de tension, de faire diminuer la pression. Elle doute d’elle-même et de ses capacités, elle craint de contrarier son.sa partenaire.

Phase 2 : L’explosion

Du côté de l’auteur.e : passage à l’acte en usant de comportements violents (verbaux, physiques, psychologiques, économiques, sexuels…) avec ou sans aide d’objets afin de libérer la tension qu’il.elle ressent.

Du côté de la victime : sentiments de peur, de honte, d’humiliation, d’injustice, de tristesse, de désespoir… Elle est désemparée.

Phase 3 : Les justifications

Du côté de l’auteur.e : discours visant à le.la déresponsabiliser de ses actes. Il.elle se justifie de diverses manières (minimisation, renvoi vers l’extérieur – « Tu n’avais pas à… », « C’est toi qui m’as mis.e à bout », « Je suis trop sensible »…)

Du côté de la victime : elle doute de ses propres perceptions et accepte les justifications de l’auteur.e. Elle se remet elle-même en questions, se sentant responsable de la violence subie. Elle croit que si elle change de comportement, la violence cessera. Elle peut aussi vouloir aider l’auteur.e à changer.

Phase 4 : La lune de miel

Du côté de l’auteur.e : il.elle se calme et exprime ses regrets. Il.elle fait des promesses et des cadeaux visant à se réconcilier avec la victime, ou bien il.elle tente de la culpabiliser en menaçant de se faire du mal (« Je vais aller voir un psy », « C’est la dernière fois » « Je vais me suicider si tu pars »…). Souvent, le contexte de rencontre du couple sera évoqué afin d’appuyer le lien privilégié existant entre les deux partenaires.

Du côté de la victime : le calme retrouvé l’apaise, elle espère un changement ou que les choses redeviennent comme avant, donc elle donne une chance (supplémentaire) au.à la partenaire. Elle peut aussi le.la soutenir, ou bien changer ses propres habitudes pour répondre à ses attentes.

Olista offrira trois orientations:

Lorsqu’une situation de violences intrafamiliales lui sera soumise, une personne référente sera désignée. Après une analyse approfondie de la situation, grâce à la victime ellemême, aux partenaires impliqués, ainsi que d’outils de détection des risques, la personne référente optera pour l’une des orientations suivantes :

Réorientation

Le dossier n’est pas pris en charge par le centre et est renvoyé à la source avec des recommandations (actions à entreprendre, institutions à contacter) ;

Pôle psycho-médicosocial et juridique

Le dossier est pris en charge par le centre et orienté vers le pôle qui réunit des partenaires des secteurs associatif, médical, psycho-social et juridique.

Concertation de cas

Le dossier est pris en charge par le centre et orienté vers le pôle qui réunit le parquet, la police, les maisons de justice, et d’autres partenaires, issus de l’aide à la jeunesse et à l’enfance ainsi que du secteur associatif.

Dans ces deux dernières options, les professionnels se réunissent pour travailler de manière coordonnée autour d’une situation. La personne de référence est la référence autant pour la victime que pour les partenaires qui interviendront dans la prise en charge. Elle est chargée du suivi et de la coordination des actions entreprises par les partenaires avec et pour la victime. Sa situation extérieure lui permet de poser un regard général sur les collaborations mises en place et à intervenir au besoin pour permettre à la prise en charge d’être et de rester optimale.

La violence est un moyen utilisé pour assurer le pouvoir sur l’autre. Il s’agit d’un rapport de force dans lequel l’un est sujet et l’autre objet.

Hanna Arendt, philosophe allemande

TEXTES LÉGAUX et documents stratégiques

Définitions des violences conjugales et intrafamiliales :

La circulaire des procureurs généraux COL3/2006 définit les VIF Lire ›

La circulaire des procureurs généraux COL 4/2006 définit, plus précisément, les violences dans le couple ou violences conjugales (VC) Lire ›

La convention d’Istanbul, ratifiée par la Belgique en 2016, définit plus largement les violences à l’égard des femmes dont les violences domestiques Lire ›

Documents stratégiques mentionnant l'importance d'une meilleure collaboration multidisciplinaire :

La Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, faite à Istanbul le 11 mai 2011, ratifiée par la Belgique le 14 mars 2016 et approuvée par la loi du 1er mars 2016 (la « Convention d'Istanbul ») Lire ›

La Note-Cadre de Sécurité Intégrale 2022-2024 (la « NCSI ») Lire ›

La Déclaration de politique générale commune au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et au Collège réuni de la Commission communautaire commune, législature 2019-2024 (la « DPR ») Lire ›

Le Plan bruxellois de lutte contre les violences faites aux femmes 2020-2024 (Action 46) Lire ›

Le Plan global de Sécurité et de Prévention 2021-2024 (le « PGSP ») (Thématique 1, mesure 1.4) Lire ›

Etat des lieux des violences intrafamiliales en Région bruxelloise durant la pandémie de Covid-19. Mars-novembre 2020, Focus n°2 de l’Observatoire, février 2021 Lire ›

Le Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre 2021-2025 (le « PAN ») (Axe II) Lire ›

Contact

E-mail : olista@safe.brussels

Appels d'urgences

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